Deux priorités en Syrie : arrêter la guerre et sauver des vies

pax christi international 70 ans

Déclaration de Pax Christi International

C’est dans la ville de Dara, en mars 2011, qu’ont débuté les soulèvements populaires en Syrie. La réplique sans pitié du Gouvernement – une campagne de répression qui dure depuis quatre ans contre des protestataires plutôt pacifiques au début –a provoqué des vagues d’assauts cruels provenant de toutes les parties. Le conflit syrien a tué plus de 200,000 personnes et continue à tuer. La torture et les mauvais traitements ont été utilisés; des millions de personnes ont dû s’enfuir; et un plus grand nombre sont privés des services de base en éducation, santé, nourriture et habitation.

Un nombre toujours croissant d’acteurs impliqués dans ce conflit se conduisent sans aucun égard aux normes du droit international. Les violations de droits humains atteignent un degré intolérable. L’État, responsable de la sécurité des citoyens, a commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité envers ses propres citoyens, et les groupes armés non-étatiques font la même chose.

L’aide humanitaire a été instrumentalisée à des fins militaires. À maintes reprises, l’aide destinée aux civils vivant dans des zones sous le contrôle de groupes non-étatiques ne leur a même pas été livrée. En imposant leurs conditions pour la livraison de l’assistance humanitaire l’État et quelques groupes armés ont utilisé la souffrance des civils comme mesure de représailles, ce qui est immoral.

Le Conseil de sécurité des Nations unies, paralysé par les vétos ou les menaces de véto, a été impuissant à modifier le cours des destructions et des bains de sang. Bien que le Conseil ait adopté des résolutions touchant l’accès aux humanitaires et les bombardements, elles n’ont pas été mises en œuvre de manière adéquate.

Depuis le début du conflit, plus de 10 millions de Syriens ont quitté leur demeure. Cela représente presque la moitié de la population totale du pays qui est désormais privée du droit à une habitation convenable, à la sécurité et à la dignité humaine. Plus de trois millions de personnes, en majorité des femmes et des enfants, vivent dans les pays voisins, sans compter les 6.5 millions de déplacés à l’intérieur du pays. On évalue à 10,8 millions le nombre de personnes qui ont besoin d’assistance humanitaire en Syrie, dont 4.6 millions se trouvent dans des régions assiégées ou difficiles d’accès. Plus d’un demi-million de réfugiés palestiniens en Syrie forment un groupe particulièrement vulnérable.

Les perspectives d’une solution diplomatique se sont compliquées en raison de la multiplication et de la fragmentation des acteurs armés sur le terrain. L’aide financière et militaire injectée par divers États et des groupes non-étatiques a encouragé les parties belligérantes dans leur refus d’en arriver à un compromis puisqu’elles espéraient, avec ces appuis, s’affirmer militairement. Cela est à l’avantage des plus durs de tous les côtés. Les groupes extrémistes dominent les « modérés ». En même temps, nous voyons se propager des idéologies extrémistes – incluant au plan religieux – et une régionalisation du conflit; toutefois, une analyse simplifiée basée sur des facteurs religieux et ethniques est à éviter. Les intérêts géopolitiques des acteurs internationaux jouent également un rôle important dans ce violent conflit.

Pax Christi International est alarmé par l’énorme souffrance du peuple syrien et réaffirme sa profonde conviction que ce conflit doit être résolu politiquement. Pax Christi réclame de la communauté internationale des actions concrètes pour assurer paix et protection aux victimes de la guerre et de la persécution qui sont exclues de leur foyer et de leur patrie. La communauté internationale a une dette morale envers la Syrie!

Pax Christi International soutient les lignes directrices suivantes :

  • Mettre fin à la guerre et sauver des vies devrait être la priorité. À cette fin, la reprise des négociations sous médiation internationale s’impose afin de poursuivre une transition politique vers un État libre et démocratique. Le Conseil de sécurité doit lancer un appel sans équivoque à un processus de paix bien balisé et en soutenir l’implantation.
  • Arrêter toutes les livraisons d’armes à toutes les parties impliquées dans le conflit. Interdire tout usage de mines antipersonnel, bombes à sous-munitions, bombes baril et autres armes explosives surtout dans les régions habitées.
  • Couper les sources de financement qui alimentent le conflit, les grossières violations des droits humains et les crimes de guerre.
  • Soutenir les acteurs non-violents sur le terrain et les défenseurs des droits humains. Renforcer la résilience de la société civile.
  • Mettre fin à l’impunité. Traduire en justice les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
  • S’attaquer aux racines profondes du conflit et promouvoir les alternatives sociales et pacifiques pour mettre fin aux histoires d’horreur.
  • S’engager résolument et efficacement à fournir protection et assistance à la société civile, spécialement les plus vulnérables. Partager le poids de l’aide humanitaire nécessaire pour répondre aux besoins croissants des réfugiés et des déplacés internes.
  • Garantir la liberté de religion et de croyance. Protéger la présence et la culture des groupes minoritaires. Soutenir les leaders religieux qui encouragent des relations harmonieuses entre les divers groupes religieux.

Bruxelles, le 13 mars 2015

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